TROIS COUPES DE VERA SZEKELY


Vera Székely laisse derrière elle un oeuvre qu'on pourrait percevoir comme irrationnel. Les décors de ces trois céramiques présentées à la vente semblent indépendants les uns des autres. C'est la nature même de Vera Székely qui ne réalise que des pièces uniques. Cette nature qui libérée en 1957 d'une période d'abord heureuse puis contrainte d'un collectif formé de son époux Pierre Székely et d'André Borderie, lui fera par la suite utiliser puis abandonner la quasi totalité des supports et matériaux de l'Art pour vingt ans plus tard inventer le sien, les voiles. Sa production personnelle de céramiques se doit de ne pas être datée d'avant la dissolution du collectif Székely-Borderie, une signature commune lui étant imposée par contrat, même si des failles se font sentir dans cette théorie arbitraire par l'existence de créations de la main de Vera Székely, non signées, tel le mur intérieur/extérieur du Bateau Ivre à Saint Marcellin.

À partir de 1957 les graphismes lui appartiennent définitivement. Quelques pièces portent encore la signature commune Pierre et Vera Székely. Mais bientôt la liberté est totale. Simplicité et complexité se côtoient dans une spontanéité toujours présente. La forme peut être inventive ou bien volontairement banale voire maladroite. Le décor fondamental est toujours inattendu au point de se fondre puis de disparaître vers 1960 pour ne laisser place qu'à la forme, avant que la céramique elle-même ne disparaisse définitivement de son travail. Vera Székely n'a pas le temps de se répéter, l'abstraction est l'infini, pas un système. Ces trois pièces, jalons d'une création perpétuelle, sont différentes certes mais issues d'une même sensibilité indépendante qui ne se refuse rien, même pas de troubler l'amateur d'art par l'étrangeté de sa démarche.

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